Imaginerait-on les plus grands célébrés
Par un fat, par un sot, par un coquin lettré?
Pourtant dans un collège, ma foi fort respectable
Enseigne par erreur un drôle abominable
Qui, par toutes les voix de l'endroit consacré,
Veut sacrifier les Lettres à sa médiocrité.
Par lui tous sont passés, pas un n'a survécu;
Le nombre des victimes sans cesse s'est accru.
Une stèle en un lieu célèbre leur mémoire,
Ainsi que du faquin le sinistre grimoire.
La liste, hélas, est longue, et un oeil averti
Reconnaît aisément les noms dessus sertis:
Lhermite, Baudelaire, Ionesco, Racine
La Bruyère, Balzac, Maupassant, Lamartine
Beaumarchais, Aragon, Stendhal, Victor Hugo
Musset, Ronsard, Prevost, Proust, Céline et Rimbaud!
La liste est longue comme notre littérature,
Des génies que le monstre s'offrit en pâture.
Mais sur le monument de marbre et de granit
Grimpe comme le lierre, verdoyant parasite
Une liste innombrable de noms inconnus,
Sacrifiés sur l'autel de la bête cornue.
Car le monstre assoiffé qui commet ces carnages
De génies, de poètes, en bon anthropophage,
Prend des hypokhâgneux pour son apéritif,
Et en reprend encore, parfois au digestif!
Combien d'étudiants et de vocations
Devront encor subire cette persécution?
samedi 24 février 2007
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