jeudi 22 février 2007

Chimères assassines

Ah! Que je souffre!
O mon ami,
Vois-tu le gouffre
où je gémis?

Ecoute dans ton âme
Les pleurs d'un coeur déçu,
Prisonnier des flammes
A tout jamais déchu!

Ma liberté, je l'ai perdue
En entrant dans cette prépa;
Ma jeunesse, je l'ai vendue
Moi non plus je ne savais pas!

Tout jeune alors, j'avais de la jeunesse
L'enthousiasme et l'âpre passion;
Si jeune, hélas, j'avais cette faiblesse
De croire en l'homme, en sa compassion!

Les maudits m'ont vanté leurs études frivoles,
Pour attirer à eux l'innocent lycéen;
"Regarde, mon enfant, où mène cette école:
Aux Gloires éternelles, au céleste Examen!"

J'ai contemplé le mirage admirable,
Et j'ai saisi la main qu'on me tendait;
Que n'ai-je vu la serre épouvantable,
Qui dans l'abîme atroce m'entraînait!

Seul dans la nuit, je m'écrie:
"Où est le jour? où est l'espoir?"
Le silence me terrifie
Comme le vent, glacial et noir.

J'ai brûlé la chandelle
Trop vite, et j'ai payé
Une peine éternelle
Pour un rêve insensé!

Si je t'inspire
Un peu d'émoi,
Fuis donc le pire:
Fuis la prépa!

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