Depuis que je t'ai laissée, je ne me sens pas mieux. Je ne suis pas plus heureux. J'ai la conscience aiguë de ma solitude, parce qu'avant je te croyais avec moi.
Je ne t'ai pas entièrement exorcisée de mon esprit, de mon âme. Tu n'y es plus présente et mon esprit ne tend plus vers toi. Il se projette bien plutôt vers un vide étouffant. Mais dans la sensation qui est plus forte que le souvenir, dans une odeur, un lieu ou une musique, tu réapparais, plus forte que l'image née de la pensée. Spectre étouffant.
Ton souvenir, je le détruis. Petit à petit, dans le déni, dans l'oubli volontaire, dans la perte consciente et méthodique du passé. J'ai moins de souvenirs de mes six mois en Thuringe que de la semaine que j'ai passée à l'île d'Yeu avec mes amis; parce que j'ai méthodiquement supprimés tous les détails de cette ère... Tu peux être sûre qu'il en sera de même avec nos souvenirs... Est-ce une menace? Et envers qui serait-elle proférée? Qui s'en jugerait touché? Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une menace... Plutôt d'une résolution que je proclame par devers le passé, contre un fantôme qui hante mes nuits et mes sommeils si lourds... contre ce que je fus.
Nulle marque d'hostilité, de rancune ou de haine. Juste la recherche subtile de ce sentiment, l'indifférence, qui ne rend point plus heureux mais préserve des tourments affreux de l'amour. Ces tourments, pardon, n'ont rien à voir avec l'amour. Ils ne sont qu'obsession... Tu étais devenue une obsession pour moi... Et charge à moi de m'exorciser de ta présence, si forte, si inaccessible, si inexpugnable, si enivrante, si réjouissante, si amoureuse, si passée, si démente, car je t'aimais...
Quel gâchis le premier amour d'un coeur représente-t-il! Le véritable premier amour, je parle. La première obsession. La première souffrance pure et authentique! Tant de signes me ramènent à toi, tant de raison m'en libère...
lundi 4 août 2008
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